jeudi 17 janvier 2008

Au pays du Pinot Noir, es ist ja ganz toll!

Bonjour à vous tous, ciné-oenophiles, savez-vous tous à quel pays je me réfère dans mon titre? S'agit-il des USA, qui ont mis le Pinot Noir sur la carte avec la 'road movie' Sideways ? S'agit-il du pays d'origine du dit cépage, la France, et plus précisément la Bourgogne, qui a envahi Londres la semaine dernière avec son millésime 2006 (avec une bonne quinzaine de dégustations en cinq jours!)? Ou encore, serait-ce la Nouvelle-Zélande, chef de proue du Nouveau Monde pour ce cépage difficile?

Ah! Vous attendez en vain, car je sais que vous savez que je vous attire sur des fausses pistes. Je veux vous parlez aujourd'hui de l'Allemagne, où il pousse, vraiment, beaucoup de Pinot Noir. Lundi dernier, à la dégustation annuelle du marchant de vins allemands Wine Barn, j'ai été étonnée du nombre de Pinot Noir trônant sur les tables. Ma dernière participation à cette dégustation remonte à deux ans, quand nous avions eu le bonheur de déguster le millésime 2003, qui avait donné des Pinots riches et concentrés comme je ne croyais pas capable l'Allemagne d'en produire. Si je me souviens bien, il n'y avait alors qu'une table dédiée au Pinot Noir, Meyer-Näkel de la vallée de l'Ahr.

Cette année, j'ai dégusté d'excellents Pinots provenant de l'Ahr, de Baden et de Pfalz. Il y avait également bon nombre de Pinots de la région de Baden, mais ils n'ont pas touché mes lèvres, désolée. Trois régions différentes, trois domaines différents et trois styles bien différents aussi. L'Ahr, toujours représentée par la maison Meyer-Näkel, a produit en 2006 des Pinots qui regorgent de beaux fruits rouges juteux, purs et joyeux, des vins amicaux on ne peut plus agréables. Dotés d'une acidité respectable, il sont aussi faciles à boire seuls, en apéro, qu'à table. Les Meyer-Näkel cultivent aussi du Pinot Madelaine, une mutation de notre Pinot caméléon qui change de peau comme bon lui semble. Contrairement au Pinot Noir qui mûrit tard, la Madelaine mûrit tôt, ce qui lui vaut le nom de Frühburgunder en allemand. Ce cépage qui produit moins que le Pinot Noir et qui se récolte tôt, souvent quand il pleut, a perdu la faveur des producteurs. Comme son grand frère, il produit un vin aux arômes prononcés de petits fruits rouges qui est indéniablement et malheureusement moins élégant.

À la table à côté se trouvait August Kesseler, du domaine du même nom, situé dans le Rheingau. Ses pinots sont riches, puissants et très souples et font penser à certains Pinots du Nouveau Monde, intensité de couleur en moins. Ses vins sont issus de vignes vieilles de 50 et 100 ans, fait qui appuie fortement l'Allemagne à joindre les rangs des grands producteurs de Pinots: ça ne date pas d'hier et on sait y faire.

Pour terminer, les Pinots d'un des producteurs les plus réputés d'Allemagne, Friedrich Becker, de la région de Pfalz. Bien que ses vignobles soient les plus au sud des trois producteurs décrits dans ce texte, les vins de M. Becker nous porteraient à croire qu'ils sont plutôt du Nord: ils sont plus structurés et moins évidents et se rapprochent le plus de bons exemples de la Bourgogne. Et ce n'est pas étonnant, une partie de son vignoble est situé en France (mais en Alsace). La grande dame du vin britannique, Jancis Robinson , recommande son simple Spätburgunder à tous les étudiants recherchant un exemple parfait du cépage pour se forger une définition. C'est pas peu dire.

Es war eine schöne Abend. On attend la suite avec un mélange de curiosité, d'optimisme et d'impatience.

Aucun commentaire: