mardi 15 mai 2007

Du nord

Alors que j'étais en Sicile, mon groupe de dégustation s'est réuni, à Londres, pour déguster des vins rouges de la Toscane. Dommage d'avoir manqué tout ça, me dis-je en me souvenant des heures heureuses passées autour de la table sicilienne, à bien boire mais surtout, à me régaler de plats simples, bien faits et savoureux... Tout ça pour faire surgir du passé un moment heureux qui se déroule en Toscane en novembre dernier. Notre petit groupe, composé de juges (concours de vins!), de consultants, d'éducateurs et d'un marchand de vin, a visité le domaine Fontodi, situé en plein coeur de la région du Chianti Classico, en Toscane. Ce fut un accueil dont tous les italiens seraient fiers tant il a été fait dans les règles de l'art. Giovanni Mannetti, propriétaire, nous accueille à son domaine, et nous marchons avec lui vers la grille d'entrée pour admirer le paysage: 70 hectares de vignes ondulant doucement dans la vallée tout en bas. Droit devant, la maison de Giovanni et derrière, celle de son frère, perdues dans le calme et la vigne. Mon copain marchand de vin m'a avoué plus tard qu'il avait souhaité, à ce moment, être cet homme. Giovanni, aux yeux bruns bien vivants mais de nature plutôt calme et réservée, nous avait déjà complètement séduits. Après avoir visité les chais de vinification et d'élevage, nous passons à table pour nous rassasier et déguster les vins du domaine. Naturellement, c'est la maman de Giovanni qui avait tout cuisiné, sauf les biscuits au dessert (cantuccini) confectionnés par une employée de bureau qui assurait également le service. Une affaire intime, de famille, très italienne. Boire les vins en mangeant représente un avantage car, comme on le sait bien, les vins européens sont conçus pour la table. On commence par la Ribollita, soupe de pain de la région de Florence. On dit de cette soupe traditionnelle qu'elle est faite à partir de restants, de soupe et de pain, et qu'on met trois jours à la faire, le dernier jour étant consacré à 're-bouillir' la soupe. Des restants peut-être, mais des restants succulents! Nous l'accompagnons d'un Pinot Noir 2003 encore un peu jeune, fruité, qui sent l’encens. Nous continuons avec le Chianti Classico 2004, pendant qu'on nous sert la suite, un rôti de bœuf, la viande provenant du domaine même car Giovanni élève quelques bêtes pour sa consommation personnelle. Le rôti est accompagné de fagioni zolfini , un haricot sec en voie d'extinction que certains producteurs s'acharnent à faire revivre. En hôte irréprochable, Giovanni a partagé sa maigre allocation annuelle avec nous. Le Chianti Classico s'avère un modèle du genre, souple et long en bouche, avec plein de notes minérales. Pour rehausser le tout, nous passons au Vigna del Sorbo, Chianti Classico Riserva 2001. Il est rare qu'un vin sente aussi bon. Floral à souhait, avec des notes de goudron et de baies rouge foncé, ce vin vif, élaboré principalement à partir de Sangiovese, est un vrai délice: au palais, il est riche tout en restant souple, le fruit, bien que concentré, demeure juteux. Équilibré et élégant, il est long à n'en plus finir. Extrêmement satisfaisant, c'est un vrai plaisir que de le boire. À deux, on en boirait facilement deux bouteilles. Nous continuons avec le 'super toscan' Flaccianello 2003, un 100% Sangiovese, ample, dense et généreux, faisant tout de même preuve de fraîcheur, suivi de deux Syrah, 2003 et 1995, et du Vin Santo 1999. Tous les vins sont bien faits, comment pourrait-il en être autrement quand Giovanni est un homme attentionné et sérieux, soucieux de l'environnement et amoureux des aliments sains? (Le domaine est devenu biologique dans les années 80 après le résultat désastreux d’une analyse de leur vin faite par la LCBO!)

C'est un blogue, j'arrête ici. Comme notre petit groupe, heureux et gaga après ce somptueux repas, il faut bien que je reprenne ma route, vers le sud de l'Italie cette fois-ci.

4 commentaires:

MarcT a dit...

Nous avons lu avec intérêt tes commentaires sur ces excellents vins. Après vérifications de leurs disponibilités, nous avons bloqué ( Marc et moi ) sur le prix. Ayant sous la main un sauvignon bien frais, aus saveurs végétales avec quelques notes fruitées et une belle acidité, ce Fransola 2002 de la maison Torres nous a fait oublié ce que malheureusement nous ne pouvons nous $offrir$.

moisamson a dit...

marct aurait du inverser «marc et moi» pour «Hélène et moi».

gare aux goûts a dit...

Bien joué pour le Fransola, que je ne connais pas... Je sais que les vins sur lesquels je m'attarde dans les messages sont probablement hors de prix, mais, tenez-vous bien, je m'en fous! Mon but est de parler d'un vin qui m'a impressioné, d'un vrai coup de coeur et des émotions qui l'ont accompagné. J'aime décrire le contexte dans lequel je l'ai dégusté, particulièrement si c'est au cours d'un voyage. Le tout prend, je l'espère, des allures d'histoire plutôt que de se limiter à une note de dégustation un peu stérile. Je dois dire que je ne regarde pas les prix avant d'écrire. Parfois, je le connais ce prix, parce que je me suis payée une ou deux bouteilles de mon coup de coeur pas achetable! Comme je ne porte pas attention au prix, il y aura certainement des histoires autour de bouteilles plus abordables dans les messages à venir, ce n'est que le début de mon voyage après tout!

Cela dit, je suis une sérieuse consommatrice de bouteilles et je fais attention au prix, je budgète, crois-moi. La liste des 'meilleurs vins dégustés dernièrement', que j'essaie de changer à chaque semaine, devrait afficher des vins plus abordables, et achetables, à condition que la SAQ les garde...

gare aux goûts a dit...

En passant, le Fransola devrait être délicieux avec les pâtes à la sardine.