samedi 28 avril 2007

Silex

Il y a deux semaines, j'ai eu le bonheur de déguster l'un des meilleurs vins produits par Didier Daguenau, dont le domaine se trouve à Pouilly-Fumé. Il s'agit de Silex 2003, vin culte dont la réputation n'est plus à faire. C'est toujours avec humilité que j'approche le moment de déguster l'un des grands vins de ce monde: saurais-je repérer les éléments qui en font un si grand vin? Bien sûr, je trépide aussi d'impatience, bien que les deux vins précédant l'arrivée de Silex, le Domaine du Salvard Cheverny 2005 et le Sancerre la Croix au Garde 2004, Domaine Henri Pellé, ont bien servi d'entrée en matière: tous deux à base de Sauvignon blanc, le premier, vif, frais et fruité, avec une larme de Chardonnay pour lui donner plus de corps, et le second, pur sauvignon, avec une acidité telle qu'elle rend le vin anguleux, des notes d'herbe et d'asperge, propres au sauvignon, beaucoup de minéralité et de pierre à fusil, reflétant son origine. C'est heureusement ou malheureusement grâce à ces vins que le repérage des éléments sera plus facile à faire. En tant que dégustateur, je cherche les signes, les points de repères que je connais bien. Ma mémoire vient d'être rafraîchie avec les deux premiers vins. Arrive enfin Silex, le troisième vin de la soirée fait à partir de sauvignon blanc. Je plonge mon nez dans le verre : c'est totalement original, ça me fait rire de bonheur, ça sent la pierre à fusil (Silex) à plein nez, et puis c'est frais, tellement minéral qu'on est transporté près d'un ruisseau, dans un sous-bois, tout entouré de fraîcheur. Je goûte : ce n'est plus du sauvignon, le vin est bien au-delà d'une simple définition de cépage ou de lieu. Ce vin est vivant (le domaine est biodynamique), plein, rond et heureux. Il est aussi racé, mais surtout, tellement original. Loin d’une recette toute prête utilisée pour atteindre un certain style, le vin a son identité propre et vraie. En le goûtant, on suit son histoire, les images nous apparaissent comme les scènes d’un film et la réalité de l’expérience fait jaillir les émotions. Quand on va au cinéma, peu importe le film, on paie toujours le même prix. J'aimerais bien que les prix des grands et petits vins soient semblables. On m’a toujours dit que j’étais rêveuse…

5 commentaires:

Anonyme a dit...

On attendait ce lancement depuis longtemps. Bravo et bonne continuation.

Anonyme a dit...

Un blog qui se lit comme un poème... un style à déguster, des promesses de bonheur !
Bravo à la bloggeuse !

World Citizen a dit...

On veut des photos aussi!

moisamson a dit...

Superbe!
Je vérifie le Silex à Québec et t'en donne des nouvelles.
Tu auras un nouvel adepte bientôt.
... qui? À suivre

Pierre a dit...

Très intéressant en plus des détails sur les difficultés que Geneviève doit affronter pour aller déguter ou cracher de bons vins. Dois-je comprendre que quand je lis "je commence à divaguer doucement aussi" que l'on parle ici des idées et non de la tête.
Il y a même une photo de ma cousine que je n'ai pas vu depuis bien longtemps. J'espère qu'elle passera par le Québec bientôt.